• Ca faisait un petit moment que l'école n'avait plus organisé de conférences à thème. La dernière, je crois, était animée par Nathalie Nougayrède dans le cadre des Tribunes de la Presse. A quelques jours de la journée internationale des femmes (8 mars) et en plein débat sur la parité dans les médias, le débat de ce soir m'intéressait clairement.

    Au menu : 6 femmes (3 de Sud Ouest, une de France 3, une de l'AFP et une ancienne de RMC) et un homme pour animer ce débat. Osons les femmes. Tout de suite, la directrice adjointe de l'école se dépêche de préciser : mettre une femme au poste de gouvernance n'est pas un "risque", il faut prendre ce terme "osons" autrement, comme de l'audace. Dont acte.

    Je m'attendais pas à grand chose de ce débat. Par expérience, j'en attends trop et je suis déçu. On effleure le sujet, sans apporter de solutions et dans un temps trop limité. Je dois bien avouer que ce soir, j'ai apprécié le débat. Les 6 femmes présentes ont raconté de véritables tranches de vie. Mention spéciale à Marie-Christiane Courtioux, présidente du club de la presse de Bordeaux et ancienne de RMC, qui a vraiment fait vivre au public une trentaine d'années à l'intérieur de sa rédaction monégasque. On a bien senti à travers tous les parcours ce que cela fait d'être une femme dans ces rédactions. Étonnamment, j'ai appris que ces femmes s'étaient retrouvées à ces postes par défaut ou "pour de mauvaises raisons" et pas véritablement par envie. Elles s'y sont retrouvées car il fallait des femmes à ces postes ou parce qu'il ne fallait pas donner ce poster à untel. Ce défaut d'envie conjugué à leurs doutes ("en suis-je capable ?") explique les faibles pourcentages de femmes à des postes clés dans les rédactions (comme l'ont montré les graphiques des M1 qui ont bien bossé sur le sujet).

    Les méthodes de management ont également été évoquées. Pour les femmes présentes, il n'existe pas de management féminin ou masculin. Tout se fait en fonction de son vécu et de sa personnalité.

    La partie la plus importante à mes yeux, celle des solutions pour intégrer plus de femmes aux postes de gouvernance, a été un peu survolée. Pour la plupart, ces solutions proviennent du Collectif Prenons la Une, créé par de nombreuses journalistes il y a quelques jours pour dénoncer les inégalités entre hommes et femmes dans les médias (représentation, salaires, remarques et Unes sexistes ...). On a donc parlé quotas ... Il y a les pour et les contre. On a parlé aussi sanction économique ... Globalement, ce qu'il est ressorti, c'est que la profession ne pourra pas progresser sans imposer des quotas. C'est un peu le pire système à l'exception de tous les autres. 

    Mais globalement, ce sont les mentalités qui doivent changer. Et la société qui doit se questionner. Les femmes n'ont généralement pas de postes de direction ou de postes à responsabilité car elles ont un rôle familial. On a souvent entendu que combiner vie de famille et vie professionnelle était compliqué et certaines ont fait le choix de ne pas avoir d'enfants pour préférer leur vie pro. Quel rôle ont alors les hommes ? Ont-ils plus envie de prendre des postes à responsabilités ? S'en sentent-ils plus les capacités ? Sont-ils favorisés dans les rédactions ? Peuvent-ils sacrifier leur vie de famille ? Ont-ils envie de voir leurs enfants grandir ? Des questions auxquelles le débat n'a pas su / pu répondre. La question est plus sociologique et philosophique qu'autre chose de toute manière.

    Ce qu'il a manqué à ce débat c'est certainement la présence de femmes journalistes en situation précaire (pigistes / CDD) et voir leur parcours, la difficulté de progression et leurs envies. Car ce débat nous a proposé la vision de femmes d'un certain âge (sans leur faire offense bien entendu, la moyenne d'âge devait être de 45 ans) et qui occupent déjà des postes à responsabilité depuis plusieurs années. Qui plus est, ces femmes sont arrivées à un moment où le journalisme offrait beaucoup de boulot et, quasiment toutes l'ont dit, elles ont bénéficié d'une fenêtre de tir qui s'est ouverte pour intégrer ces postes.

    La situation actuelle est bien plus complexe et la remarque de quelqu'un dans le public était pertinente : "que va-t-il se passer maintenant ? Est ce que le nombre de femmes à ces postes ne va pas tendre vers la diminution ?" 
    On peut espérer que non. Le collectif Prenons la une travaille en ce sens. Je vous invite d'ailleurs à visiter leur site internet si ce n'est pas déjà fait : Prenons la Une et à signer leur manifester en leur envoyant un petit mail : prenonslaune@gmail.com

     

    Il y aurait encore des milliers de choses à dire sur la question et ce compte rendu non exhaustif est là pour lancer le débat pour ceux et celles qui le souhaitent.


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