• Le premier week-end bordelais est consacré à la découverte d'un quartier par chaque binôme. Mathieu et moi-même avons hérité du quartier de la Victoire. Pour vous situer correctement je préfère laisser parler l'image. Voilà le quartier qui nous était assigné.

     

    Rendez-vous en quartier inconnu

    Vous pouvez voir qu'il s'agit donc de la partie sud de Bordeaux. On a coutume de dire que le centre ville se termine place de la Victoire. On s'attendait donc à naviguer dans un grand espace résidentiel. On n'a pas été déçu à ce niveau là. La superficie du quartier étant grande, on a décidé de partir sur le terrain vendredi soir (je l'ai vaguement évoqué) sans idée précise de ce qu'on voulait faire. A vrai dire, on a un peu erré sur quelques rues du quartier jusqu'à tomber sur une salle de musique près du cours Maréchal Juin, l'Irem. On a pu parler avec un prof de musique et le gestionnaire de cette ancienne association aujourd'hui habilitée à délivrer des diplomes aux musiciens et aux techniciens. 
    Le premier contact était bon, mais nous nous séparons avec Mathieu vers 19h avec de grosses interrogations. Comment traiter ce quartier ? Qu'est ce qui en fait sa spécificité ? Qu'est ce que les gens ont envie de savoir ? Que doivent-ils retenir ? Autant de questions auxquelles nous n'avons aucune réponse. On se donne rdv pour le lendemain 10h afin de passer le quartier au peigne-fin.

    Samedi matin. Je descends l'interminable (et très bondée) rue Sainte Catherine (1.3 km) qui sépare mon logement du quartier de la Victoire. Je vais chez Mathieu pour brainstormer et mettre sur papier nos attentes, nos recherches. On se concentre autour de plusieurs points : la mutation de la place de la Victoire au cours de l'Histoire, l'immigration (notamment espagnole) dans les faubourgs sud et la vision des habitants et commerçants de leur quartier.
    On travaille aussi sur la forme de notre exposé. On est tout de suite d'accord pour dire qu'un exposé dans une forme basique ne nous convient pas. On veut innover. On ne sait pas encore que ca nous coutera des heures de sommeil !!

    L'exercice demande également plusieurs prises de vue photographiques du quartier, d'un monument, d'une personne, de détails qui nous ont marqués ... Impossible d'éviter la grande colonne sur la place de la Victoire et la porte d'Aquitaine. La colonne a été érigée en 2005 par un sculpteur tchèque. Elle est ornée de pleins de petits détails qui rappellent la vigne et le vin. Les deux tortues placées au pied de celle-ci sont la "signature" du sculpteur et ont la même fonction d'hommage à la capitale viticole. 

    Rendez-vous en quartier inconnu
    La porte d'Aquitaine marquant l'entrée sur la place de la Victoire

    Rendez-vous en quartier inconnu
    © Office de Tourisme de Bordeaux /F.POINCET

    Partis le long du cours de la Somme qui prolonge la rue Sainte-Catherine, on découvre un bar espagnol tenu par Luis Sanchez. Il nous raconte les différentes vagues de  l'immigration espagnole dans le quartier Victoire / Nansouty  dans les années 50 à 70. C'est super intéressant et enrichissant. Il nous parle avec passion de son envie de fuir l'Espagne pour trouver du travail et son arrivée incongrue à Bordeaux par l'invitation d'un inconnu dans le train en 1963.

    Les accents chantants de l'Espagne s'évaporent vite quand on continue notre parcours. D'un coup, les rues sont très calmes, trop calmes. On est pourtant samedi après-midi. Les quelques résidents nous expliquent que le tram est à l'origine de cette désertification des commerces de certains endroits. Il a "centro-centré" la ville de Bordeaux. Les gens préférent gagner la ville rapidement par le tram pour aller faire des emplettes et revenir facilement dans leurs quartiers résidentiels, loin du tumulte du centre-ville. C'est le cas pour les fameuses "barrières" d'habitation qu'on trouve aux intersections des grands cours. 
    Seul le match de football des Girondins (tombé opportunément quand on passait vers Chaban Delmas dimanche vers 14h) vient troubler la vie paisible de certaines rues à l'accoutumée désertes.

    Rendez-vous en quartier inconnu

    Notre "road-trip" s'achève par un retour place de la Victoire. Nous passons dans une rue pleine de petites épiceries où l'on rencontre Sofiane, jeune épicier d'une trentaine d'années. A peine le temps de poser quelques questions sur son environnement de travail qu'il part dans une tribune contre un arrêté préfectoral l'obligeant à fermer son commerce à 22h. En vérité, il s'agit d'un moyen trouvé par la municipalité et la prefecture pour eviter les ventes anarchiques d'alcool à bas coût afin de lutter contre les noyades de personnes ivres dans la Garonne. L'opportunité d'une telle mesure pourra toujours se discuter, comme la question de sa proportionnalité. En attendant, l'alcool coule à flots quelques centaines de mètres plus loin sur la place de la Victoire où les bars sont nombreux.

    Le temps de boire un verre sur notre terrain de jeu samedi soir et de revenir dessus pour un "complément d'enquête" dimanche matin, qu'il fallait se mettre à rédiger tout ça. Notre idée était de mettre de la vie dans notre présentation. On a donc choisi la forme d'un reportage TV en mode "Rendez-vous en terre inconnue". En amélioré ça donne, vous l'aurez compris avec le titre de l'article, "Rendez-vous en quartier inconnu". La saynette dure une quinzaine de minutes où le présentateur que je suis échange avec le reporter sur le terrain (Mathieu). 
    En grands perfectionnistes que nous sommes, nous avons mis plus de 5h à tout rédiger, mais cela en vallait la peine. La promo a apprécié, a suivi, a compris notre message. La prof aussi. Mais on s'est surtout fait plaisir à passer 2 jours sur le terrain, à se casser la tête à trouver le contenu et la forme. Et c'était bien ça l'essentiel.

     

    Dans le reste des exposés (plus classiques mais non moins intéressants), chaque binome nous a fait découvrir son quartier. S'il serait assez rébarbatif et inutile de tout lister, je donne juste mon impression sur Bordeaux "post reportages". On a l'impression d'une ville qui s'est dynamisée en 10-15 ans grâce à l'action de la municipalité pour mettre en valeur le centre-ville. L'arrivée du tram a dynamisé ce dernier d'une façon incroyable, mais a contribué à faire de certains quartiers alentours des zones résidentielles uniquement. J'ai eu l'impression d'une ville assez "cloisonnée" entre ses multiples quartiers. Ainsi, l'expression "un village dans la ville" pour définir un quartier est-elle revenue très souvent. L'impression d'une ville bourgeoise peut s'avérer juste si l'on s'arrête sur certains quartiers un peu huppés mais dans l'ensemble, Bordeaux est une ville marquée par la diversité de ses habitants, les quartiers populaires comme St Michel, Nansouty ou la Gare en sont les meilleurs témoins. Malheureusement, on cherche à réhabiliter ceux-ci pour en faire des zones plus asceptisées, moins populos. La tentation d'avoir une ville très (trop ?) lisse est visible. Le classement de la ville à l'Unesco n'est peut-être pas étranger à celà.
    Bordeaux semble en tout cas une ville active, dynamique et dans laquelle il fait bon vivre. Une ville claire, ouverte et plutôt belle (même si c'est subjectif). Ces reportages ont permis de faire plus ample connaissance avec notre terrain de jeu pour les deux prochaines années. Les bases sont lancées ! 

    Je termine mon article sur une photo qui m'a marquée parmi tous les exposés, c'est celle de la rue Sainte-Catherine un samedi après-midi. Du monde à perte de vue sur près d'1,5km.

    Rendez-vous en quartier inconnu

    Prochain article dans le courant de la semaine pro sur mes deux premières semaines de cours. Enfin !

     


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  • Jeudi 20 Septembre, il est 14h et je me trouve pour la deuxième fois de ma vie devant le batiment moderne de l'IUT Michel de Montaigne de Bordeaux, qui abrite les locaux de l'IJBA. Paradoxalement j'étais bien plus stressé jeudi dernier que lors de ce beau jour du mois de juin qui m'a conduit à l'oral du concours. Ce jour marquait le début de mes vacances et la fin de la si longue période des concours. Il ne revêtait pas d'angoisse particulière puisque je disposais une porte de sortie dans une autre école dont le résultat était tombé quelques jours plus tôt. Ce jour là donc, me parait bien loin lorsque je sors du tram C qui me dépose à quelques encablures de l'école.
    Plus qu'une demie-heure avant la rentrée. Celle qui marque le coup d'envoi de 2 ans dont personne ne sait la teneur qu'ils vont prendre. J'aperçois de nombreux étudiants, certains seuls, d'autres déjà en groupe. Certains cherchent des têtes connues, d'autres patientent tranquillement.

    Réunion de rentrée et prémices d'un week end agité

    Le batiment de l'IJBA, rue Jacques Ellul (photo Wiki)

    Je me dirige fébrilement vers la salle 213, la grande salle des étudiants de l'IJBA où (presque) toute l'équipe pédagogique se tient devant nous. Le directeur de l'IJBA en bon chef d'orchestre, prend la parole en premier pour nous souhaiter la bienvenue. Il tente de nous expliquer en quoi vont consister ces 2 ans. Je décroche quelque peu. Assimiler toutes ces choses en quelques minutes relève de l'impossible pour moi. Je joue déjà avec le stylo qu'on nous a distribué. Je masque un peu ma crainte. Chaque enseignant et membre du personnel administratif se présente puis c'est au tour de chaque étudiant de faire de même.
    Je constate à mon fort étonnement que la promo 2012 est très jeune. Entre 22 et 23 ans de moyenne d'âge. Pour la plupart, nous avons Bac + 3 ou 4. Rarement plus. Mon impression est confirmée par les dires de la "mère" de l'IJBA, l'ancienne directrice, qui coordonne aujourd'hui de nombreux projets. En fait, ses fonctions sont tellement diverses et étendues, et ses missions si nombreuses, qu'un simple "titre" ne peut définir ce personnage atypique au caractère bien trempé. Cette professeur sait ce qu'elle veut, elle sait ce qu'elle attend de nous. L'inverse étant malheureusement moins vrai !!

    Après un tour de table enrichissant où je tente d'intégrer quelques prénoms et visages de mes 35 camarades, place déjà au premier cours avec l'ex patronne de l'IJBA justement : le reportage bordelais. On rentre vite dans le vif du sujet. Elle explique brièvement le but de l'exercice : découper Bordeaux en 18 quartiers et travailler en binome sur un quartier, son histoire, ses habitants et retranscrire le tout le lundi et mardi suivant. Tout le monde semble abasourdi. Pour ceux qui n'étaient pas entièrement revenu de vacances, l'atterrissage est quelque peu brutal ! 
    A peine quelques mots échangés avec mes voisins directs qu'il faut établir un binome et sélectionner un quartier dans une ville quasi-inconnue. On choisit (par défaut) le quartier de la Victoire, bastion estudiantin s'il en est, et ses faubourgs sud. Je n'ai aucune idée de comment traiter le sujet, ni quel angle utiliser, ni sous quelle forme présenter ce travail. Je suis perdu, disons-le ! Heureusement, quasiment toute la promo décide de fêter la rentrée en allant boire un verre quartier Saint-Michel, histoire de faire plus ample connaissance. La journée se termine mieux qu'elle n'avait débutée même si l'épine du reportage bordelais est bien enfoncée dans notre pied.

    Réunion de rentrée et prémices d'un week end agité

    Le quartier Saint-Michel

    La promo 2012-2014 de l'IJBA

    Vendredi, après une brève visite des locaux, le directeur nous reçoit pour nous parler de notre avenir, à l'école et à sa sortie. A peine rentré, on nous parle déjà de la sortie et des concours organisés par les médias pour décrocher un stage ou un CDD. Autant dire qu'il assome la promo en quelques minutes. Son discours en est presque dur à digérer. J'ai l'impression, pour ma part, que trouver un job relève du miracle même en passant par une école reconnue (dont le concours est pourtant difficile et selectif) et qu'il n'y a que par la voie des concours de presse qu'on arrivera peut-être à décrocher un CDD. Ca fait mal et les illusions se brisent rapidement.

    L'après-midi, suite du premier cours avec une grosse présentation de la ville. L'Histoire, les données sociales, la politique, les clichés ... tout y passe. C'est très intéressant de comprendre enfin un peu mieux notre terrain de jeu. Bordeaux a une histoire particulière puisqu'elle a connu ses heures de gloire économiquement parlant à des heures bien plus sombres "humainement" parlant : celles du commerce triangulaire. La gestion de cet héritage est difficile et la ville a connu une forte modernisation et réhabilitation depuis une dizaine d'années (toujours en cours). Mais je ne souhaite pas encore rentrer dans les détails car je compte faire un article plus centré sur le reportage bordelais.
    A 17h, premiers pas sur le terrain pour tenter de débroussailler tout ce grand espace qui nous est attribué. En 2h, on n'avance pas d'un pouce ou alors dans des directions qui ne semblent pas être les bonnes. On le comprend vite : le week end va être long et compliqué. L'avenir me montrera que je ne croyais pas si bien dire !! 

     


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  • Un article de présentation ... Il me semble que je dois commencer par là ! Pourtant, je ne souhaite pas entrer dans des considérations personnelles et j'essaierai, autant que faire se peut, de ne pas parler de moi mais plutôt de ce que je vois, vis et ressens. Cela peut paraitre paradoxal de ne pas dire qui l'on est et malgré tout, tenter d'expliquer ses sentiments, c'est pourtant la démarche que je souhaite incarner à travers ces quelques articles qui se succèderont (je l'espère régulièrement) au cours de ces 2 prochaines années.

    Mais, je sens que je te dois une explication, cher(e) visiteur(euse), sur le cheminement qui m'a conduit à créer un tel blog. Premièrement, je n'ai jamais écrit de blog bien que j'en ai consulté beaucoup. Des bons comme des mauvais. Certains m'ont aidé, d'autres non. Mais ils m'ont (pratiquement) tous apporté quelque chose. C'est là mon envie ! Passer de l'autre côté de la barrière et t'apporter quelque chose à Toi, lecteur, lectrice, derrière ton écran. Mais t'apporter quoi ? On se pose la même question au même moment j'ai l'impression !! J'ai envie de te répondre, et c'est là mon second point, que je souhaite t'apporter un témoignage et un aiguillage.

    Cela fait plusieurs années que je souhaite devenir journaliste et j'ai longtemps parcouru la toile à la recherche d'informations, tant sur le métier ou les concours que sur les écoles et leur quotidien. Malheureusement, si les témoignages existent, je n'ai pas trouvé tout ce que je cherchais. Mon blog n'a pas vocation à être exhaustif ou à donner une réponse fidèle et objective de ce qu'est le journalisme. Il n'a pas non plus la prétention de te faire réussir les fameux concours si jamais tu souhaites les passer, il a en tout cas l'ambition d'être un témoignage éclairé et éclairant, une porte ouverte sur un milieu parfois obscur. J'essaierai de répondre aux questions que je me suis posées pendant ces années d'interrogation puis de préparation solitaire.

    Je souhaite te donner une vision plus claire de ce qu'est une école de journalisme (l'IJBA : Institut de Journalisme Bordeaux Aquitaine en l'occurrence) de l'intérieur. Comment on y vit, quelle y est l'ambiance, comment on y travaille, comment se passent les stages ? Autant de questions que je continue à me poser encore aujourd'hui mais auxquelles je tenterai de répondre jour après jour et de te faire partager.

    Voilà, je crois que les bases sont jetées. On va pouvoir commencer. J'entamerai ce blog par quelques articles de "mise en bouche" sur les concours (mais j'y reviendrai souvent je pense), l'IJBA en lui-même et peut-être la ville de Bordeaux si jamais je vois que ca peut aider. Ces articles introductifs passés, on pourra s'attaquer petit à petit au gros du travail : la vie en école de journalisme.

    N'hésite pas à m'interpeller au fil de mes articles en laissant des commentaires d'approbation ou de désapprobation (c'est possible) ou en écrivant un petit commentaire plus "global" sur ta gauche en demandant des précisions sur tel ou tel point que j'aurai pas assez expliqué ou en me posant des questions qui feront peut-être l'objet d'un article futur (tu peux donc devenir mon rédac' chef si tu le désires !)

    Allez j'en dis pas plus !! A très vite pour un prochain article !!

    Enjoy :)



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